Вольтер и его книга о Петре Великом - Евгений Францевич Шмурло
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La triste fin du czarovitz m’embarasse un peu; je n’aime pas à parler contre ma conscience. L’arrêt de mort m’a toujours paru trop dur. Il y a beaucoup de royaumes où il n’eût pas été permis d’en user ainsi. Je ne vois dans le procès aucune conspiration; je n’y aperçois que des espérances vagues, quelques paroles échappées au dépit, nul dessein formé, nul attentat. J’y vois un fils indigne de son père; mais un fils ne mérite point la mort, à mon sens, pour avoir voyagé de son côté, tandis que son père voyageait du sien. Je tâcherai de me tirer de ce pas glissant, en faisant prévaloir, dans le cœur du czar, l’amour de la patrie sur les entrailles de père (XL, 237, № 3983, 22 ноября 1759 г., Ив. Ив. Шувалову). – Il faut que je plante, et le czar Pierre me lutine; je ne sais comment m’y prendre avec monsieur son fils; je ne trouve point qu’un prince mérite la mort pour avoir voyagé de son côté, quand son père courait du sien, et pour avoir aimé une fille quand son père avait la gonorrhée (XLI, 65. № 4377, 17 ноября 1760 г., Даламберу).
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Plusieurs auteurs anglais très-estimés se sont élevés hautement contre le jugement qui le condamma à la mort. On ne trouve point ce qu’on appelle un corps de délit dans le procès criminel; on n’y voit qu’un jeune prince qui voyage dans un pays où son père ne veut pas qu’il aille, qui revient au premier ordre de son souverain, qui n’a point conspiré, qui n’a point formé de faction, qui seulement a dit qu’un jour le peuple pourrait se souvenir de lui. Qu’aurait-on fait de plus s’il avait levé une armée contre son père?… Je tâcherai, à l’aide de vos instructions, de m’en tirer d’une manière qui ne puisse blesser en rien la mémoire de Pierre le Grand. Si nous avons contre nous les Anglais, nous aurons pour nous les anciens Romains, les Manlius et les Brutus. Il est évident que si le czarovitz eût régné, il eût détruit l’ouvrage immense de son père, et que le bien d’une nation entière est préferable à un seul homme. C’est là, ce me semble, ce qui rend Pierre le Grand respectable dans ce malheur; et on peut, sans altérer la vérité, forcer le lecteur à révérer le monarque qui juge, et à plaindre le père qui condamne son fils (XVI, 507, № 4731, 1 ноября 1761 г., Ив. Ив. Шувалову).
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Кроме Нестесурраноя, Вольтеру были высланы и «настоящие» документы, но та присылка дала ему случай лишний раз в язвительной форме напомнить Петербургу о необходимости более тщательной разборки в посылаемом материале.
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Il est clair que le terme de parricide, dont on s’est servi dans le jugement de ce prince, a dû révolter tous les lecteurs, parce que, dans aucun pays de l’Europe, on ne donne le nom de parricide qu’à celui qui a executé ou préparé effectivement le meurtre de son père. Nous ne donnons même le nom de révolte qu’à celui qui est en armes contre son souverain, et nous appelons la conduite du czarovitz désobéissance punissable, opiniâtreté scandaleuse, espérance chimérique dans quelques mécontents secrets qui pouvaient éclater un jour, volonté funeste de remettre les choses sur l’ancien pied quand il en serait le maître. On force, après quatre mois d’un procès criminel, ce malheureux prince à écrire que «s’il y avait eu des révoltes puissants qui se fussent soulevés, et qu’ils l’eussent appelé, il se serait mis à leur tête». Qui jamais a regardé une telle déclaration comme valable, comme une pièce réelle d’un procès? qui jamais a jugé une pensée, une hypothèse, une supposition d’un cas qui n’est point arrivé? où sont ces rebelles? qui a pris les armes? qui a proposé à ce prince de se mettre un jour à tête des rebelles? à qui en a-t-il parlé? à qui a-t-il été confronté sur ce point important? Voilà, monsieur, ce que tout le monde dit, et ce que vous ne pouvez vous empêcher de vous dire à vous-même… Soyez très convaincu, monsieur, qu’il n’y a pas un seul homme en Europe qui pense que le czarovitz soit mort naturellement. On lève les épaules quand on entend dire qu’un prince de vint-trois ans est mort d’apoplexie à la lecture d’un arrêt qu’il devait espérer qu’on n’exécuterait pas (XLI, 516. № 4740, 9 ноября 1760 г., Ив. Ив. Шувалову).
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Je vous répète que j’ai cru nécessaire de relever ce chapitre funeste par quelques autres qui missent dans un jour éclatant tout ce que le czar a fait d’utile pour sa nation, afin que les grands services du législateur fissent tout d’un coup oublier la sévérité du père, ou même la fissent approuver. Permettez, monsieur, que je vous dise encore que nous parlons à l’Europe entière; que nous devons ni vous ni moi arrêter notre vue sur les clochers de Pétersbourg, mais qu’il faut voir ceux des autres nations, et jusqu’aux minarets des Turcs. Ce qu’on dit dans une cour, ce qu’on y croit, ou ce qu’on fait semblant d’y croire, n’est pas une loi pour les autres pays; et nous ne pouvons amener les lecteurs à notre façon de penser qu’avec d’extrêmes ménagements (XLI, 526. № 4749, 14 ноября 1761 г., Ив. Ив. Шувалову).
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On commencera l’Histoire de Pierre le Grand dans peu de mois; on fait fondre de nouveaux caractères (письмо 25 сентября 1762 г.).
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Письма Вольтера графу д’Аржанталь, 21 ноября, 19 и 23 декабря 1762 г. В последнем: On finit d’imprimer Pierre le Grand.
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Je vous enverrai