Вольтер и его книга о Петре Великом - Евгений Францевич Шмурло
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Dans le manuscrit il n’y a qu’une seule indication à la page, sans texte.
Est-ce le 22?
(La réponse à cette objection N 5 est donnée en même temps que la réponse au N 6.)
6.
Le lendemain on fait prendre les armes aux régiments des gardes, ŕ la pointe du jour; on fait sonner la grosse cloche de Moscou. Les boďards, les conseillers privés, sont mandés dans le château; les évęques, les archimandrites, et deux religieux de Saint-Basile, professeurs en théologie, s’assemblent dans l’église cathédrale. Alexis est conduit sans épée et comme prisonnier dans le château, devant son pčre (576).
Dans le manuscrit il y a la même indication de la page («pag. 13») qu’au point N 5, sans texte.
N’est-ce pas le surlendemain?
Suivant le Journal de Pierre Ier il arriva le 2/13 Janvier. Dans le procès imprimé en langue russienne il n’est pas marqué qu’il ait vû le même jour son père et qu’il ait eut un long entretien avec lui. Cependant on n’y dit pas le contraire. Ce qu’il y a de certain c’est qu’il fût conduit le lendemain de son arrivée, savoir le 3/14 Février publiquement devant le Tsar par le conseiller privé Tolstoy et le capitaine aux gardes Rumantzoff dans la grande salle du château.
7.
Le czar dressa lui-męme de nouveaux articles d’interrogatoire. Le quatričme était ainsi conçu: «Quand vous avez vu, par la lettre de Beyer, qu’il y avait une révolte ŕ l’armée du Mecklenbourg, vous en avez eu de la joie; je crois que vous aviez quelque vue, et que vous vous seriez déclaré pour les rebelles, męme de mon vivant» (580).
Est-il possible qu’un père et qu’un juge tend un tel piège à son fils? Une pensée secrète doit-elle entrer dans un procès verbal?
Pourquoi paraitroit-il étonnant qu’un père souhaitât d’être informé de tout ce qui peut avoir rapport à la conduite de son fils? Plus une personne nous appartient de près plus il nous est important d’en connaître, pourquoi blâmerions nous donc Pierre Ier d’avoir voulu sonder même les plus secrètes pensées de son fils pour en développer le naturel? La tendresse paternelle y étoit trop intéressée pour condamner la ruse dont elle s’est servie pour parvenir à son but.
8.
Tel était le pouvoir reconnu du czar qu’il pouvait faire mourir son fils coupable de désobéissance, sans consulter personne; cependant il s’en remit aujugement de tous ceux qui représentaient la nation (586).
Etes-Vous content de cette tournure?
Autant que tout lecteur équitable à sujet de l’être de la conduite du Tsar même.
9.
On publia dans plusieurs livres que le czar avait fait venir d’Espagne le procčs de don Carlos, condamné ŕ mort par Philippe II; mais il est faux qu’on eűt jamais fait le procčs ŕ don Carlos. La conduite de Pierre Ier fut entičrement différente de celle de Philippe. L’Espagnol ne fit jamais connaître ni pour quelle raison il avait fait arręter sonfils, ni comment ce prince était mort. Il écrivit ŕ ce sujet au pape et ŕ l’impératrice des lettres absolument contradictoires. Le prince d’Orange Guillaume accusa publiquement Philippe d’avoir sacrifié sonfils et sa femme ŕ sajalousie, et d’avoir moins été unjuge sévčre qu’un marijaloux et cruel, un pčre dénaturé et parricide. Philippe se laissa accuser, et garda le silence. Pierre, au contraire, ne fit rien qu’au grand jour, publia hautement qu’il préférait sa nation ŕ son proprefils, s’en remit aujugement du clergé et des grands, et rendit le monde entierjuge des uns et des autres, et de lui-męme (586–587).
Cela suffit-il?
Cela fait voir du moins que Pierre n’était animé par aucune raison secrète comme Philippe que par conséquent il ne doit pas être mis au rang des pères dénaturés, mais marcher de pair avec Manlius et Brutus, et que le véritable héroïsme est de tous les pays et de tous les siècles.
10.
Ce qu’il y eut encore d’extraordinaire dans cette fatalité, c’est que la czarine Catherine, haďe du czarovitz et menacée ouvertement du sort le plus triste si jamais ce prince régnait, ne contribua pourtant en rien ŕ son malheur, et ne fut ni accusée, ni męme soupçonnée par aucun ministre étranger résident ŕ cette cour, d’avoir fait la plus légčre démarche contre un beau-fils dont elle avait tout ŕ craindre. Il est vrai qu’on ne dit point qu’elle ait demandé grâce pour lui; mais tous les Mémoires de ce temps-lŕ, surtout ceux du comte de Bassevitz, assurent unanimement qu’elle plaignit son infortune (587).
11.
J’ai en main les Mémoires d’un ministre public, oůje trouve ces propres mots: «J’était[437] présent quand le czar dit au duc de Holstein que Catherine l’avait prié d’empęcher qu’on ne prononçât au czarowitz sa condamnation. «Contentez-vous, me dit-elle, de lui faire prendre le froc, parce que cet opprobre d’un arręt de mort signifié rejaillira sur votre petit-fils» (587).
Ceci est-il bien?
Ceci n’est-il pas essentiel?
(La réponse est donnée en même temps aux deux objections:) Je souhaitrais qu’on ajoutât à cela que la raison d’Etat alléguée par la Tsarine n’était qu’un détour que la compassion lui suggéra. Tout le monde sait que cette impératrice avait entre autres grandes qualités une bonté d’âme peu commune.
12.
L’arręt fut prononcé au prince. Les męmes Mémoires m’apprennent qu’il tomba en convulsion ŕ ces mots: «Les lois divines et ecclésiastiques, civiles et militaires, condamnent ŕ mort, sans miséricorde, ceux dont les attentats contre leur pčre et leur souverain sont manifestes» (587).
Pourquoi ne m’a-t-on pas fourni de Pétersbourg quelques mémoires authentiques qui fortifient ce que j’ai déterré ici avec tant de peine?
Comme ce fait n’est point entré dans les détails du procès et qu’on n’a point ici l’histoire de la vie du Tsarovitch je ne saurais, Monsieur, Vous fournir là-dessus des mémoires authentiques, mais Vous ne devés pas être moins certain de cette particularité, elle est encore récente dans la mémoire de quelques personnes qui ont été témoins oculaires et sur