Вольтер и его книга о Петре Великом - Евгений Францевич Шмурло
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Évidemment l’Académie s’efforçait d’écarter tout ce qui pouvait blesser l’oreille ou offusquer la sensibilité de l’auteur de l’«Histoire de l’empire de Russie sous Pierre le Grand». La première rédaction de ce document, soit celle de Müller (nous la désignons ci-après par la lettre A) porte un titre unique: «Particularités sur les quelles est nécessaire d’être instruit pour composer une histoire tolérable de Pierre Premier». Dans la deuxième rédaction (que nous marquons de la lettre B), ce titre est quelque peu modifié: «Particularités sur les quelles Mr. de Voltaire souhaite d’être instruit».
Nous donnons ici-même les deux textes subdivisés par points: chacune des questions de Voltaire est suivie de la réponse de Müller et celle-ci est suivie à son tour de la réponse donnée par l’Académie. De cette façon il est aisé de remarquer les ressemblances et les différences entre la première rédaction (celle de Müller) et la rédaction définitive (celle de l’Académie), en les comparant entre elles[430].
1.
Les négociations de Pierre I dans les cours étrangères.
A. Il est vrai que les négociations dans les cours étrangères doivent entrer dans l’histoire d’un Souverain, mais le règne de Pierre le Grand, aiant été de longue durée, il est presque impossible d’en rapporter toutes les négociations, à moins qu’on ne voulût composer une histoire d’un grand in folio, ce qui ne me paroit pas être du génie de M. de Voltaire. Outre cela, il faudroit un homme à part, sans aucunes autres occupations, pour être chargé de recueillir dans l’archive du Collège des affaires étrangères toutes ces négociations, et d’en faire au moins d’un an, ou deux. Ainsi il me semble que Mr. de Voltaire devroit se borner à quelques négociations principales, qu’il pourroit spécifier, après quoi on pourroit lui fournir là-dessus des éclaircissements.
B. Le règne de Pierre le Grand renfermant un espace de plus de trente ans, il sera assés difficile de pouvoir bientôt recueillir tous les mémoires qui ont du rapport à ses négociations. Une telle entreprise pourrait même faire traîner en longueur la publication de l’ouvrage de Mr. de Voltaire. La plus part de ces négociations, et surtout celles, qui ont influé en quelque manière sur les affaires du Nord, sont déjà rapportées par plusieurs auteurs qui ont travaillé à l’histoire de Pierre le Grand. On les trouve aussi dans d’autres ouvrages politiques de ce temps. Il sera donc plus aisé de satisfaire à cette demande de Mr. de Voltaire, s’il voudra se donner la peine de spécifier les négociations sur lesquelles il pourrait avoir quelque doute.
2.
Les réglemens sur la police générale, religion, finances, commerce. L’essay sur les lois et sur l’église qu’on m’a envoyé n’entre dans aucun détail.
A. Quant aux réglemens sur la police, on trouve dans le recueil des Oukases de Pierre le Grand les instructions pour le Lieutenant Général de Police de S. Petersbourg et pour le surintendant de Police de Moscou. On pourroit les traduire, ou en faire des extraits pour l’usage de Mr. de Voltaire, en ajoutant plusieurs autres ordonnances sur le même chapitre qui se trouvent dans le dit recueil.
Le réglemen de Pierre I sur la religion doit être connu à Mr. de Voltaire, puisqu’il est traduit en Allemand et imprimé en 1723 à Danzig, sous le titre de Geistliches Reglement. Il en souhaite peut-être d’autres. Et il y a effectivement une ordonnance de ce grand Monarque, postérieure au dit réglemen, qui n’est pas imprimée, mais qui mérite de l’être et qui devroit être traduite dans toutes les langues de l’Europe pour prouver les saines et saintes vues de l’Empereur en matière de religion.
On ne se souvient pas de réglemen exprès sur les finances et sur le commerce par Pierre le Grand, tout est contenu dans les ordonnances particulières qui se trouvent dans le recueil des Oukases.
Mr. de Voltaire dit que l’essai sur les lois et sur l’église, qu’on lui a envoyé, n’entre dans aucun détail. Peut-être qu’on n’a pas trouvé praticable d’entrer dans un plus grand détail, et Mr. de Voltaire devroit se contenter de ce qu’on lui fournit. C’est pourtant beaucoup de lui communiquer tout ce qu’on peut.
B. Mr. de Voltaire trouvera cy-joint une seconde copie du mémoire abrégé sur la police des villes, auquel on a fait quelques additions, ainsi qu’un autre sur l’établissement des manufactures. L’un et l’autre contiennent tout ce qui a été fait du temps de Pierre I par rapport à ces deux objets. Le réglemen de Pierre I sur la religion est fort connu, puisqu’il est traduit en français et imprimé à la suite d’une brochure qui renferme des prétendues anecdotes du règne de Pierre I. C’est l’Archevêque Théophane de Nowgorod, qui l’a composé sous les yeux de Pierre I, ainsi que plusieurs autres ouvrages spirituels.
On fera incessamment parvenir à Mr. de Voltaire la suite de l’essay sur l’église. Il y trouvera le reste de ce que Pierre I a fait pour mettre le clergé sur un bon pied et pour en reformer les abus. Il y a surtout une ordonnance de ce grand Monarque, touchant l’état monastique, qu’il fit peu de temps avant sa mort. Elle n’est pas imprimée, mais elle mérite de l’être et on devrait même la traduire dans toutes les langues de l’Europe pour prouver les saines et saintes vues de l’Empereur en matière de religion.
L’essay sur les lois ne renferme que l’histoire de ce qu’on appelle proprement Jus privatum. Les autres ordonnances, concernant les différentes parties de l’oeconomie de l’état, comme le commerce, finances, exploitation des mines, etc., seront rapportées dans des mémoires séparés, qu’on fournira à Mr. de Voltaire à mesure qu’on les aura achevés. Celui sur les manufactures est composé sur ce plan-là et renferme toutes les ordonnances de Pierre le Grand qui y ont du rapport.
3.
Ses lettres en cas qu’il y en ait quelques unes, qui puissent faire connaître son caractère et contribuer à sa gloire.