Французский с Ги де Мопассаном. Избранные новеллы - Ирина Дегиль
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Mes frères, âgés de dix-huit et de vingt ans, coururent chercher leurs fusils; et comme on ne faisait guère attention à moi, je m’emparai d’une carabine de jardin et je me disposai aussi à accompagner l’expédition.
Elle partit aussitôt. Mon père et mon oncle marchaient devant, avec Baptiste, qui portait une lanterne. Mes frères Jacques et Paul suivaient, et je venais derrière, malgré les supplications de ma mère, qui demeurait avec sa sœur et mes cousines sur le seuil de la maison.
La neige s’était remise à tomber depuis une heure (вот уже час, как снова пошел снег; se remettre – вновь приняться /выражает повторное или обратное действие/); et les arbres en étaient chargés (и деревья стояли все в снегу: «были им отягчены»; charger – грузить; отягчать). Les sapins pliaient sous ce lourd vêtement livide (ели сгибались под этим тяжелым мертвенно-бледным одеянием), pareils à des pyramides blanches, à d’énormes pains de sucre (похожие на белые пирамиды, на огромные сахарные головы; pain, m – хлеб; кусок, брусок; pain de sucre – голова сахару; сахарная голова); et on apercevait à peine, à travers le rideau gris des flocons menus et pressés (и сквозь серую завесу мелких и быстрых снежинок едва были заметны; rideau, m – занавес; завеса; menu – тонкий; мелкий; pressé – торопливый, спешащий), les arbustes plus légers, tout pâles dans l’ombre (более тонкие кустарники, совершенно бледные = белые в темноте; léger – легкий; ombre, f – тень; мрак). Elle tombait si épaisse, la neige, qu’on y voyait tout juste à dix pas (снег валил так густо: «он падал таким густым», что едва было видно на расстоянии десяти шагов; épais – толстый; густой). Mais la lanterne jetait une grande clarté devant nous (но фонарь бросал впереди нас яркий свет; grand – большой; сильный).
La neige s’était remise à tomber depuis une heure; et les arbres en étaient chargés. Les sapins pliaient sous ce lourd vêtement livide, pareils à des pyramides blanches, à d’énormes pains de sucre; et on apercevait à peine, à travers le rideau gris des flocons menus et pressés, les arbustes plus légers, tout pâles dans l’ombre. Elle tombait si épaisse, la neige, qu’on y voyait tout juste à dix pas. Mais la lanterne jetait une grande clarté devant nous.
Quand on commença à descendre par l’escalier tournant creusé dans la muraille (когда мы стали спускаться по винтовой лестнице, проделанной в стене; tournant – вращающийся; извилистый; creuser – рыть, копать), j’eus peur, vraiment (я испугался на самом деле). Il me sembla qu’on marchait derrière moi (мне показалась, что за мной шли = кто-то шел); qu’on allait me saisir par les épaules et m’emporter (что меня схватят за плечи и унесут); et j’eus envie de retourner (мне захотелось вернуться); mais comme il fallait retraverser tout le jardin, je n’osai pas (но, поскольку надо было снова пересечь весь сад, я не осмелился). J’entendis qu’on ouvrait la porte sur la plaine (я слышал, как открыли калитку: «дверь на равнину»); puis mon oncle se mit à jurer (затем мой дядя стал ругаться; se mettre – приниматься):
– Nom d’un nom, il est reparti (черт побери, он снова ушел)! Si j’aperçois seulement son ombre, je ne le rate pas, ce c… – là (если я замечу хотя бы его тень, он не уйдет от меня, этот придурок; rater – промахнуться; упустить; con, m – /вульг./ женский половой орган; придурок).
Quand on commença à descendre par l’escalier tournant creusé dans la muraille, j’eus peur, vraiment. Il me sembla qu’on marchait derrière moi; qu’on allait me saisir par les épaules et m’emporter; et j’eus envie de retourner; mais comme il fallait retraverser tout le jardin, je n’osai pas. J’entendis qu’on ouvrait la porte sur la plaine; puis mon oncle se mit à jurer :
– Nom d’un nom, il est reparti! Si j’aperçois seulement son ombre, je ne le rate pas, ce c… – là.
C’était sinistre de voir la plaine (было жутко видеть равнину; sinistre – зловещий, мрачный; наводящий страх), ou, plutôt, de la sentir devant soi, car on ne la voyait pas (или, точнее, чувствовать ее перед собой, так как ее не было видно); on ne voyait qu’un voile de neige sans fin (был виден лишь покров бесконечного снега; voile, m – вуаль; завеса, покров; fin, f – конец), en haut, en bas, en face, à droite, à gauche, partout (сверху, снизу, напротив, справа, слева, всюду).
Mon oncle reprit (мой дядя продолжил):
– Tiens, revoilà le chien qui hurle (слышите, опять собака воет: «это опять собака, которая воет»); je vas lui apprendre comment je tire, moi (я покажу ей, как я стреляю; apprendre – учить; научить; преподать /урок/; tirer – тянуть; стрелять). Ça sera toujours ça de gagné (и на том спасибо; c’est toujours ça de gagné – и то хорошо, и на том спасибо; gagné – выигранный; заработанный).
C’était sinistre de voir la plaine, ou, plutôt, de la sentir devant soi, car on ne la voyait pas; on ne voyait qu’un voile de neige sans fin, en haut, en bas, en face, à droite, à gauche, partout.
Mon oncle reprit :
– Tiens, revoilà le chien qui hurle; je vas lui apprendre comment je tire, moi. Ça sera toujours ça de gagné.
Mais mon père, qui était bon, reprit (но мой отец, который был добрым /человеком/, сказал):
– Il vaut mieux l’aller chercher, ce pauvre animal qui crie la faim (лучше пойти отыскать это бедное животное, которое кричит от голода). Il aboie au secours, ce misérable (это бедное /животное/ своим лаем призывает на помощь; aboyer – лаять; secours, m – помощь, выручка; secourir – приходить на помощь; misérable – несчастный; бедный); il appelle comme un homme en détresse (он зовет словно человек в беде). Allons-y (идем: «идем туда»).
Et on se mit en route à travers ce rideau (и мы отправились в путь сквозь эту завесу), à travers cette tombée épaisse, continue (сквозь этот сплошной густой снегопад; continu – постоянный, непрерывный; сплошной; continuer – продолжать), à travers cette mousse qui emplissait la nuit et l’air (сквозь эту пену, которая наполняла ночь и воздух; emplir), qui remuait, flottait, tombait et glaçait la chair en fondant (которая двигалась, кружилась, падала и леденила тело, когда таяла; flotter – плавать, держаться на поверхности; развеваться; fondre – таять; chair, f – плоть, тело), la glaçait comme elle l’aurait brûlée, par une douleur vive et rapide sur la peau (обжигающе леденила его, оставляя сильную и мгновенную боль на коже; brûler – жечь; обжигать; vif – живой; сильный; rapide – быстрый, стремительный), à chaque toucher des petits flocons blancs (при каждом прикосновении белых снежинок; toucher, m – осязание; ощупывание; toucher – трогать, касаться).
Mais mon père, qui était bon, reprit :
– Il vaut mieux l’aller chercher, ce pauvre animal qui crie la faim. Il aboie au secours, ce misérable; il appelle comme un homme en détresse. Allons-y.
Et on se mit en route à travers ce rideau, à travers cette tombée épaisse, continue, à travers cette mousse qui emplissait la nuit et l’air, qui remuait, flottait, tombait et glaçait la chair en fondant, la glaçait comme elle l’aurait brûlée, par une douleur vive et rapide sur la peau, à chaque toucher des petits flocons blancs.
Nous enfoncions jusqu’aux genoux dans cette pâte molle et froide (мы утопали по колено в этой рыхлой и холодной массе; enfoncer – погружать; pâte, f – тесто; месиво; масса; mou/molle – мягкий, рыхлый); et il fallait lever très haut la jambe pour marcher (и надо было поднимать ноги очень высоко, чтобы идти). À mesure que nous avancions, la voix du chien devenait plus claire, plus forte (по мере того как мы продвигались, голос собаки становился яснее, громче; mesure, f – измерение; мера; clair – светлый; ясный; fort – сильный; громкий). Mon oncle cria (дядя крикнул):
– Le voici (вот она)!
On s’arrêta pour l’observer (мы остановились, чтобы рассмотреть ее; observer – соблюдать; наблюдать), comme on doit faire en face d’un ennemi qu’on rencontre dans la nuit (как и должно делать, когда встречаешь врага ночью: «перед лицом врага, которого…»; face, f – лицо;en face de qn – напротив кого-либо; перед лицом кого-либо).
Nous enfoncions jusqu’aux genoux dans cette pâte molle et froide; et il fallait lever très haut la jambe pour marcher. À mesure que nous avancions, la voix du chien devenait plus claire, plus forte. Mon oncle cria :
– Le voici !
On s’arrêta pour l’observer, comme on doit faire en face d’un ennemi qu’on rencontre dans la nuit.
Je ne voyais rien, moi (а я ничего не видел); alors, je rejoignis les autres, et je l’aperçus (тогда я догнал остальных и заметил ее; rejoindre – соединять; догонять); il était effrayant et fantastique à voir, ce chien (эта собака была страшной и необыкновенной на вид; fantastique —фантастический; невероятный; диковинный), un gros chien noir, un chien de berger à grands poils et à la tête de loup (огромная черная собака, овчарка с длинной шерстью и головой волка; berger, m – пастух; chien de berger – овчарка), dressé sur ses quatre pattes, tout au bout de la longue traînée de lumière (стоявшая в конце длинной полоски света; se dresser – подниматься; стоять; patte, f – лапа; traînée, f – след, дорожка; полоса; lumière, f) que faisait la lanterne sur la neige (который отбрасывал: «делал» фонарь на снегу). Il ne bougeait pas (она не двигалась); il s’était tu; et il nous regardait (она умолкла и смотрела на нас).
Mon oncle dit (дядя сказал):
– C’est singulier, il n’avance ni ne recule (странно, она не идет ни к нам, ни от нас; avancer – двигаться вперед; reculer – пятиться, идти назад). J’ai bien envie de lui flanquer un coup de fusil (мне очень хочется: «имею вполне желание» всадить в нее пулю; flanquer – швырять; дать, влепить; coup de fusil – выстрел; coup, m – удар; fusil, m – ружье).
Je ne voyais rien, moi; alors, je rejoignis les autres, et je l’aperçus; il était effrayant et fantastique à voir, ce chien, un gros chien noir, un chien de berger à grands poils et à la tête de loup, dressé sur ses quatre pattes, tout au bout de la longue traînée de lumière que faisait la lanterne sur la neige. Il ne bougeait pas; il s’était tu; et il nous regardait.
Mon oncle dit :
– C’est singulier, il n’avance ni ne recule. J’ai bien envie de lui flanquer un coup de fusil.
Mon père reprit d’une voix ferme (отец решительно: «решительным голосом» сказал; ferme – твердый; решительный):
– Non, il faut le prendre (нет, надо ее взять с собой; prendre – брать; забирать).
Alors mon frère Jacques ajouta (тогда мой брат Жак добавил):
– Mais il n’est pas seul (но она не одна). Il y a quelque chose à côté de lui (рядом с ней что-то есть).